Fès, sensorielle ivresse

Pas loin, pas cher, ensoleillé et dépaysant, le Maroc répond à tous mes critères pour une évasion hivernale. Alors pour mettre tous mes sens en éveil, c’est vers la deuxième ville du royaume que j’ai mis le cap. Festival des sens, les pupilles ici s’écarquillent, pendant que bruits et odeurs stimulent pavillons et narines. A l’aise Fès, je me laisse emporter par le tourbillon de son incroyable médina. Laisse-toi happer, nul de besoin de flacon pour atteindre l’allégresse.

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Photos: Yannick Revel / bon Sud bon Genre

 

Se perdre dans la médina

Que tu le veuilles ou non, tu finiras égaré(e) dans ce labyrinthe médiéval.  Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, cet ensemble architectural n’a quasiment pas bougé depuis près de 1000 ans. Pénétrer dans ses ruelles est une véritable aventure. Le voyage dans le temps fait fendre la foule de touristes et de fassis (habitants de Fès) mélangés dans ce gigantesque souk. Il y a bien quelques panneaux ici et là, mais ne te crois pas pour autant tiré(e) d’affaire. A croire que les autorités s’amusent avec le visiteur pour le désorienter encore un peu plus.

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Et la lumière fût…

Ici aucun véhicule à moteur ne circule. Le seul moyen de transport est l’âne qui supporte sur son dos toutes sortes de marchandises. Et lorsque ce n’est pas par un animal, c’est à la force des bras que sont livrés les magasins. « Balek, balek » crie le pousseur de remorques pour que les promeneurs s’écartent sur son passage.

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le véhicule utilitaire fassi

Ce dédale moyenâgeux abrite de multiples trésors qu’il n’est pas toujours évident d’appréhender par ses propres moyens. Alors, après la pure flânerie et l’ouverture à l’imprévu, une petite visite guidée s’impose.

 

Se faire guider dans la médina

Afin d’apprécier les joyaux architecturaux de la médina, j’ai opté pour une visite guidée. Mais au lieu de choisir un guide conseillé par le riad ou l’office de tourisme local, j’ai préféré réserver sur Airbnb. C’est donc en compagnie de Zahi que nous allons de nouveau arpenter ce centre-ville historique.

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Les tanneries, un travail d’un autre temps

Mosquée Karaouiyne (de l’extérieur), mausolée Moulay Idriss II (de l’extérieur aussi pour les non-musulmans), medersa Attarine, tannerie… le parcours oscille entre histoire et architecture en passant par la culture et la sociologie.

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Dans la Madrasa Attarine

Un échange très enrichissant avec un accompagnateur ouvert à toutes les questions sur le Maroc d’hier et d’aujourd’hui. Et surtout un dialogue qui nous permet de comprendre l’organisation d’un univers bien plus structuré que l’on imagine.

 

Goûter toutes les saveurs locales

Bien sûr, tu pourras te régaler de couscous et de tajines autant que tu le souhaites. Mais il y a aussi pleins d’autres saveurs à découvrir, toujours à des prix presque modiques. Pour savourer un couscous, il te faudra débourser entre 40 et 90 dirhams (pour obtenir le prix en euros, divise par 10). Les tajines sous toutes les formes et dans toutes les déclinaisons se dégustent pour 30-50 dirhams environ. Et encore, je te parle de vrais restaurants. Si tu t’aventures dans la street-food, tu peux manger sur le pouce moyennant une pièce de 10 dirhams.

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Un tajine poulet pruneaux et amandes

Une bonne pastilla au poulet généreusement saupoudrée de sucre glace et de cannelle… j’en ai encore l’eau à la bouche. Quand à la spécialité locale, la « bsara » (soupe de fèves à l’ail et à l’huile d’olive) ; une expérience à elle seule!

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Cuisson des feuilles des brick

Rayon sucré, on retrouve, comme ailleurs au Maroc, les « chebakia » et les « briwat », des pâtisseries « spécial régime », enrobées de miel. Pas de cornes de gazelle en revanche dans ce coin du royaume.

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Pâtisserie de rue

Et pour la boisson, oublie les bières artisanales et les quilles viticoles, ici l’alcool ne court pas les rues. Alors comme tout le monde, tu t’abreuves de la boisson nationale, le thé à la menthe. Après en avoir bu au moins trois par jour, je peux décréter que le meilleur est (à l’unanimité de moi-même), celui d’Abdullah. Ne me demande pas où il est, je ne saurais pas le retrouver dans ce labyrinthe.

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Abdullah, le roi du thé à la menthe

C’est bien beau de tout dévorer, mais pour ramener quelques saveurs dans l’hexagone, quoi de mieux que d’apprendre les techniques de base de cette cuisine si parfumée ?

Apprendre à cuisiner comme là-bas

Pour s’initier aux secrets de la cuisine marocaine, nous avons pris le chemin du Riad Anata. Sur place, Samira partage ses astuces et son savoir-faire. Mais avant de se retrousser les manches, on part au marché, panier sous le bras. En fonction de nos goûts, nous sélectionnons les ingrédients qui serviront pour les recettes.

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Tout mettre dans le même panier

Un fois le panier rempli, on passe aux choses sérieuses. Nous commençons d’abord par préparer plusieurs entrées ; carottes à la cannelle, salade de fèves, salade de poivrons et caviar d’aubergine. On râpe tomates, oignon et ail pour faire la sauce dans laquelle vont cuire les « keftas » (boulettes de viande aux épices et à la coriandre). On ajoute, de ci de là, une cuillère de cumin, un nuage de paprika et on se sent heureux au milieu des odeurs mélangées au crépitement des poêles et des casseroles.

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Et v’la le travail!

Pour le dessert, on place des feuilles de brick au four et quelques minutes plus tard… Un petit croustillant à l’orange et à la cannelle sera prêt pour conclure le repas. Une fois le travail terminé, nous nous prélassons sur le toit terrasse chauffé par le soleil. Et quand l’heure du dîner sonne, place à la dégustation. On se régale des plats mitonnés par nos petites mains avec la satisfaction de pouvoir partager ce savoir-faire une fois rentrés à la maison.

Rêver sous le coucher du soleil

Sitôt arrivé à Fès, mon hôte Airbnb insiste bien. « Soyez-là à 19h07 » nous dit Richard, le propriétaire de La Cheminée Bleue dont la terrasse domine les toits de la médina.  De retour de promenade, nous voilà postés au sommet de sa demeure.

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Une touche de bleu dans cet océan ocre

Le soleil couchant rase les toits et donne aux façades ocres, une coloration dorée. Tout à coup, le premier appel retentit, puis un autre, et un autre… Toutes les mosquées de la médina se mettent à chanter en canon pour la dernière prière du coucher de soleil.

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What else?

Il avait raison Richard, le moment est tout simplement inoubliable. Un instant de magie tout droit sorti d’un conte des mille et une nuits.

Infos pratiques

Se rendre à Fès ne coûte pas bien cher. Avec les compagnies low cost (Air Arabia ou Ryan Air), on peut décoller depuis Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Paris, Lyon… pour quelques dizaines d’euros. Le prix du logement varie entre 10 et 100€ la nuit. Un joli riad peut se dégoter pour environ 50€ la nuit.

Autour de Fès

Si tu disposes de plus de deux jours, tu peux explorer les alentours. Fais un saut vers l’autre ville royale toute proche ; Meknes. En train, un trajet de quarante minutes (25 dirhams) te permet de découvrir l’ambiance de la place Lahdim qui, comme sa sœur de Marrakech, s’éveille à la nuit tombée. Le site archéologique romain de Volubilis est alors très proche, tout comme la ville de Moulay Idriss Zerhoun, berceau du fondateur de la dynastie des Idrissides.

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Le long du palais royal de Meknes

Au sud de Fès, tu peux aussi visiter la ville de Séfrou et ses cascades. De là sont organisées des randonnées pour apprécier les magnifiques paysages et les lacs du Moyen Atlas marocain.

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La gare de Fès est une bonne option pour se déplacer

En vrai, tout ici devient une expérience tant le dépaysement est total. Et l’hospitalité des marocains rend l’aventure encore plus belle. Une fois que l’on s’écarte des rues principales, les rencontres deviennent authentiques. Je garde en souvenir des regards, des sourires, des accolades qui resteront gravés dans ma mémoire.  Le Maroc ne serait pas si chaleureux sans ses habitants qui prennent la vie comme elle vient, en toute simplicité. Pas de doute, à Fès, koulchi labès! (=tout va bien).

Voilà, ceci n’étant pas exhaustif, n’hésite pas à me poser tes questions et à partager ton expérience en commentaires, j’y répondrai avec plaisir 🙂

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Un arc en ciel dans la médina

 

Auteur : Yannick Revel

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4 réflexions sur “Fès, sensorielle ivresse

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